Beaucoup de Français, beaucoup de mes compatriotes, ne savent pas
que le choix de la « République » comme régime
politique, pour notre pays, s’est joué à UN CHEVEU, c’est à
dire à une seule voix, à la fin du 19° siècle, après la tragédie
de la Commune de Paris ! Celle du comte de Chambord par sa
lettre du 27 octobre 1873. Mais oui ! Nous avons failli, comme
en Grande-Bretagne, comme en Belgique, comme aux Pays-Bas, etc. avoir
un Roi et une Reine ! Certes ! Dans une monarchie
constitutionnelle, mais quand même ! Et le plus formidable, le
plus cocasse c’est que les monarchistes de l’époque, très
nombreux à la chambre des députés, se sont associés aux
républicains pour faire ce choix.
Il faut bien
comprendre que ce ne sont pas les statuts sociaux, les origines
sociales qui comptent en politique, mais uniquement la fortune des
individus et celle de leurs familles. Voilà pourquoi des
aristocrates, des monarchistes ont choisi la république, la
« gueuse » comme ils disaient, sans aucune hésitation,
sans aucune répugnance. Beaucoup ont donc préféré trahir leur
classe sociale, leur classe historique, plutôt que leur fortune.
Le philosophe
Jean-jacques Rousseau, au milieu du 18° siècle avait déjà bien
compris cette future trahison:
Jamais, dans une
monarchie, l'opulence d'un particulier ne peut le mettre au dessus du
prince. En revanche, dans une république, elle peut le mettre
aisément au-dessus des lois.
Pour illustrer cette vérité, souvenons-nous du sort des templiers
sous Philippe IV le Bel, de Jacques Cœur sous Charles VII, de
Nicolas Fouquet sous Louis XIV. Dans ces trois exemples « L’Etat »
monarchique, le souverain, a été plus fort que la fortune de ces
riches particuliers.
Aujourd’hui,
nous assistons à l’inverse exact. nous savons tous que le système
bancaire international est plus puissant que les États, et que nos
dirigeants sont à sa botte.
Et
tout ceci grâce à un régime républicain, que certains osent
appeler « démocratie ». Ce régime républicain est
donc le meilleur système politique pour protéger les riches contre
les pauvres.
Pour
revenir à notre pays, et bien comprendre pourquoi l’aristocratie
et la bourgeoise, pour une fois unies, ont choisi la république, il
faut faire intervenir le champion du cynisme en politique, le
caméléon marseillais,
l’anguille suprême, le traître inconnu qui a son nom sur les
plaques des rues de toutes nos grandes villes, j’ai nommé :
Adolphe Thiers. Vous remarquerez une chose intéressante ;
même francisé le prénom Adolphe est toujours
de très
mauvaise augure en politique.
Il
faut donc que je vous parle maintenant de mon maître en Histoire de
France ; Henri Guillemin.Je
me suis permis de transcrire une partie de sa petite conférence en
vidéo, dans le premier volet intitulé : « L'autre avant
guerre - 1871-1914 (1) - L'ordre moral »
Vous
allez voir ! Un génie d’analyse pour vous expliquer ce qui
pourrait apparaître, au premier abord, comme incompréhensible pour
les non-averti
La politique
républicaine d’Adolphe Thiers racontée par Henri Guillemin.
…..Voyons !
Les royalistes sont là parce qu’ils veulent empêcher la
subversion, mais est-ce que la monarchie est un système vraiment si
solide que ça, qu’on se l’imagine pour se protéger
du socialisme, car le socialisme c’est la grande terreur du 19°
siècle ? Il explique à un certain nombre de gens ; « vous
savez, c’est pas sûr que le régime monarchique soit le meilleur
régime pour empêcher de passer les rouges, enfin la canaille ! »
comme on disait alors. Pourquoi ? Parce que
...Réfléchissons… Dans un gouvernement monarchiste, c’est la
volonté d’un seul qui commande, ou la volonté du Roi, en
principe ! Alors la volonté d’un seul, c’est vulnérable !
Les gens peuvent se soulever au nom de la liberté. Tandis
que..Réfléchissez bien à ce que c’est que la
République. Et auparavant réfléchissez-bien à ce que, disait
Thiers, c’est que l’autorité. Ben l’autorité, ce n’est pas
une formule qui n’est pas de Thiers, mais je crois pouvoir résumer
sa pensée ainsi : « l’autorité, c’est la force qui
obtient une obéissance consentie ». Alors comme le mythe
royale est en train de se défaire en France. On l’a vu à
plusieurs reprise. Il faut substituer à ce mythe royal, l’autre
mythe qui sera le mythe du suffrage universel , c’est-à-dire le
mythe de la volonté nationale. Et cette fois ce sera extrêmement
puissant comme rempart ! C’est la volonté
nationale elle-même qui décide qui faut faire une république, par
exemple « conservatrice ». Alors quiconque se soulèverait
contre un gouvernement républicain, se soulève contre la liberté,
puisque c’est la liberté qui s’exprime et qui
règne grâce au suffrage universel. Alors vous voyez quel attentat
monstrueux ? Vous devez mobiliser toutes les forces nationales
contre ceux qui prétendaient lutter contre un gouvernement dit
démocratique. Oui, mais qu’est-ce que c’est que la
volonté nationale ? En fait c’est la majorité du suffrage
universel. C’est la moitié plus un ! C’est très facile
d’obtenir la majorité du sufftrage universel quand on sait s’y
prendre , et il en apporte deux exemples, monsieur Thiers :
« Mais regardez donc ce qui s’est passé en avril 1848.
Regardez ce qui vient de se passer, de se passer le 8 février 1871 ?
C’est la première fois en 48 qu’on lançait tous les Français,
y compris les pauvres dans un suffrage. On leur donnait le
droit de vote. Il y a des gens qui en avaient été épouvanté,
qu’est-ce qui allait en sortir ? Il en est sorti une chambre
admirable. Moins belle que celle de 71. Mais la chambre
de 1848, elle était conservatrice à bloc, et maintenant, vous voyez
ce qui vient de sortir ? UNE CHAMBRE EN OR ! Une chambre où
se sont vraiment les possédants qui sont les maîtres ! Alors
que pouvez-vous désirer de plus ? Donc, si vous êtes
raisonnables ne vous obstinez pas à établir une monarchie, soit
légitime, soit orléaniste, c’est pas intéressant. En réalité
le meilleur système pour vous défendre, c’est une RÉPUBLIQUE que
nous appellerons la République conservatrice, et dont bien entendu,
disait modestement Monsieur Thiers, je serai le maître.
La première
condition de la paix sociale est que les pauvres aient le sentiment
de leur impuissance.
Maurice Barrès
Je ne crains pas
le suffrage universel : les gens voteront comme on leur dira.
Alexis de
Tocqueville
Un septennat républicain en attendant Henri V
Henri Guillemin
(L'autre avant guerre - 1871-1914 (1) - L'ordre moral -